• L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
    Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
    Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
    Que ne t'endormais-tu, le coude sur la table ?

    Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
    Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
    Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
    Et tu chantonneras comme un enfant bercé.

    Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
    Il dort. C'est étonnant comme les pas de femme
    Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.

    Midi sonne. J'ai fait arroser dans la chambre.
    Va, dors ! L'espoir luit comme un caillou dans un creux.
    Ah ! quand refleuriront les roses de septembre 



    Paul VERLAINE (1844-1896)

    (Recueil : Sagesse)




    L'espoir luit... il est là... parfois silencieux... il est le dernier à mourir...

    Sans lui... pas de rêves, pas de but... seulement des échecs !

    Il est plus long à s'installer qu'à déguerpir en tous cas...

    Mais il est revenu dans mon coeur, il refait sa place tranquillement...

    Je le laisse reprendre ses marques pendant que je reprends les miennes !

    On ne change pas une équipe qui gagne...


    Dulce



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  • La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
    Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
    Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
    Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

    Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
    L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
    Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
    Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

    La lune est large et pâle et semble se hâter.
    On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
    De son morne regard elle parcourt la terre,
    Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

    Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
    Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
    Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
    Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

    Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
    Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
    Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
    Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

    Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
    Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
    De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
    Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.



    Guy de MAUPASSANT


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